Mathieu Mélinand - Domaine des Marrans

Mathieu Mélinand

 

S'il peut paraître timide de prime abord, voilà un jeune homme ambitieux et talentueux qui développe son domaine à grande vitesse, et si c'est encore un peu dans l'ombre pour l'instant, il ne fait aucun doute que ce sera un vigneron reconnu quand les journalistes l'aurons compris. Sur le domaine familial historique (aujourd'hui largement agrandi), il réalise des vins authentiques, sérieux et complets, à la fois sur Fleurie qui est le cœur de la production, mais aussi sur Morgon, Chiroubles et Juliénas. Un domaine qui monte vite !

 

  • Le domaine :

Le domaine est bien visible sur la route entre Villié-Morgon et Fleurie, on ne peut pas le manquer surtout avec le nouveau bâtiment construit pour le stockage des bouteilles.

 

 
Les Marrans

Les Marrans (premier plan) qui ont donné son nom au domaine

 

Le père de Mathieu Mélinand s'était installé dans les années 1970 avec 4 ha de vignes en métayage sur Le Pavillon à Fleurie (ces vignes « historiques » ont pu être achetées par le domaine en 2002). Mathieu est entré au domaine en 2008, après que son père ait pris sa retraite.

Aujourd'hui, l'exploitation compte 20 ha et fais travailler 5 personnes à temps plein. Les 20 ha se répartissent de la façon suivante : 10,5 ha de Fleurie, 2,5 ha de Chiroubles, 2 ha de Juliénas, 2 ha de Morgon et 3 ha en Beaujolais et Beaujolais-Villages.

La quasi-totalité des vins est mise en bouteille, seule une toute petite partie (moins de 10%) est encore vendue au négoce, mais c'est pour garder de bonnes relations plus qu'autre chose.

Il n'y a jamais eu de thermovinification au domaine.

 

  • Les terroirs :

Les terroirs de Fleurie sont nombreux, le domaine possède des vignes principalement sur les 5 lieux-dits suivants :

  • Le Pavillon (4 ha)
  • La Chapelle des Bois (3,5 ha)
  • Champagne (1,5 ha)
  • Grand Pré (1 ha)
  • Les Marrans (0,5 ha)

Seul le premier lieu-dit produit une cuvée particulière, Terroir du Pavillon qui ne représente qu'une partie close de ce climat (parcelle plus argileuse, exposée plein sud, bien ventée, vignes centenaires, rendements faibles de 30-35 hl/ha) et qui est isolé depuis 2002.

 

 
Clos du Pavillon

Les Marrans au premier plan, Le Pavillon au second et La Madone au loin

 

Les autres climats sont tous assemblés dans la cuvée « générique », dominée par La Chapelle de Bois qui apporte le charnu, le soyeux et l'élégance, et Champagne pour sa minéralité et sa tension. Les vignes ont sur ces 2 climats une exposition sud, une moyenne d'âge de 45 ans et sont plantées classiquement en gobelet à 10 000 pieds/ha.

Les vignes de Chiroubles sont situées sur 2 climats : Tempéré et Côte-Rôtie, sur des sols étonnamment argileux pour l'appellation et bien sûr du granite ! Les sols sont pauvres et les rendements ne dépassent pas 45 hl/ha. Les parcelles sont très pentues, exposées Sud-Ouest et Sud-Est, bien aérées par le vent. Les vignes ont 40 à 50 ans et sont toujours très saines en raison du microclimat dont elles bénéficient. Le travail de cette parcelle est essentiellement manuel compte-tenu des pentes qui rendent impossible le passage des tracteurs.

Les vignes de Morgon sont situées sur Corcelette et plus exactement La Roche Pilée, sur un sol pauvre de granite décomposé et de schistes friables, d'exposition sud. Là encore, l'âge moyen des vignes dépasse les 50 ans, et le rendement ne dépasse pas 40 hl/ha pour une densité de plantation de 10 000 pieds/ha. A noter que Corcelette sera revendiqué sur l'étiquette à partir du millésime 2013.

Sur Juliénas, c'est un terroir sablo-argileux sur diorites d'exposition sud qui est exploité au lieu-dit Les Cerisiers sur la commune de Jullié. Les vignes ont une moyenne d'âge de 55 ans.

C'est également près de Jullié que le domaine produit son Beaujolais-Villages rouge.

Enfin, c'est à Saint-Jean d'Ardières que les Beaujolais voient le jour, avec depuis du blanc puisqu'une parcelle de 0,5 ha a été plantée en 2010 (le premier millésime est le 2013).

 

  • Le travail à la vigne :

Malgré un vignoble majoritairement composé de vieux gobelets et des terroirs pauvres et pierreux, le travail des sols est effectué partout où c'est possible (pas à Chiroubles en raison de la pente ni à Morgon car c'est vraiment trop rocailleux).

Le domaine n'utilise que des produits de contact, les produits systémiques sont proscrits. Le but n'est pas de passer en bio mais de travailler le plus proprement possible.

Les vieilles vignes donnent naturellement peu de raisins (moyenne de 25 hl/ha en 2012 et 40 hl/ha en 2013) et les travaux en vert sont uniquement effectués pour maintenir le meilleur état sanitaire possible. Compte-tenu de l'âge moyen du vignoble, Mathieu a mis en route un plan de renouvellement de 20 à 30 ares par an (avec 3 ans de repos sur chaque parcelle).

Il a comme tout le monde pas mal de pertes dues à l'esca, qu'il essaye de limiter en effectuant une taille tardive en sève montante, en particulier sur les jeunes vignes.

Les vignes qui sont replantées sont conduites en gobelet mais partiellement palissées et les ceps seront montés pour pouvoir travailler les vignes plus facilement (y compris sous le rang).

 

 
Jeunes vignes labourées

Jeunes vignes plantées en 2009 et palissées

 

Les plantations se font à 9 000 pieds/ha (110 cm entre rangs). Les porte-greffes utilisés sont 420A ou Viala sur les granites et 3309 sur les terrains plus argileux de Saint-Jean d'Ardières et Juliénas). Elles se font toutes en sélection massale, les clones ne sont pas utilisés.

 

  • Le travail en cave :

Il est traditionnel et s'appuie en grande partie sur les principes de la macération semi-carbonique beaujolaise. Après un tri soigné à la cave, les raisins sont encuvés en grappes entières (100% jusqu'en 2011, égrappage partiel depuis 2012 selon l'état sanitaire et la maturité de la rafle mais restant inférieur à 30%).

La fermentation est toujours réalisée avec les levures indigènes, elle est lancée en utilisant le principe du pied de cuve.

Beaujolais primeur et Beaujolais-Village sont récoltés en premier et décuvés 1 semaine plus tard. Les cuves sont réutilisées pour les crus ensuite car le chai de vinification est un peu juste pour les 20 ha du domaine. Les crus sont encuvés 12 à 15 jours (17 pour Terroir du Pavillon). Mathieu effectue 1 remontage chaque jour.

Un pressurage pneumatique est effectué avant la fin de la fermentation alcoolique pour faire ressortir tous les sucres, le moût étant remis en cuve ciment pour que la fermentation se termine. Après clarification naturelle pendant 1 semaine, un premier soutirage est effectué pour enlever les lies grossières puis l'élevage commence. Il est fait en foudres principalement et dure environ 1 an (sauf Juliénas qui est mis plus tôt pour répondre à la demande et Terroir du pavillon qui est élevé quelques mois de plus). Les mises se font en majorité avant les vendanges (ce qui permet d'avoir les foudres vides le moins longtemps possible et c'est aussi la durée d'élevage qui paraît la plus juste à Mathieu).

Une partie du Morgon et du Fleurie Terroir du pavillon est élevée en fûts (de minimum 3 vins).

Les vins sont légèrement filtrés (terre blanche) avant la mise.

 

  • Les vins (commentaires du domaine) :

Fleurie : « De couleur soutenue, le vin est très aromatique, avec des notes florales, de fruits frais. Tendre et charnu en bouche, il porte bien son nom, les tanins sont soyeux et lui assurent une bonne consistance. »

Fleurie Terroir du Pavillon : « Rouge vif à reflets pourpres, le nez est net, complexe sur des arômes floraux, rose, iris complétés par une note crème de fruits rouges et de cerise noire. La texture se distingue par un côté à la fois rond, souple et charnue, le tout agrémenté de jolis tanins soyeux. »

Chiroubles : « Il est marqué par son terroir avec des tanins présents mais souples, un nez sudiste dû à l'exposition avec des notes de fruits noirs, une grande buvabilité due à l'équilibre entre la consistance et la fraîcheur. »

Morgon : « De couleur sombre, le nez est puissant sur des notes de fruits noirs, d'épices avec une bouche charnu, dense, concentré et sapide qui rappelle le terroir. Les tanins évoquent la garde. »

Juliénas : « De robe rubis sombre, le nez présente des notes de fruits noirs, d'épices, de poivre. La bouche est ronde, aérienne puis évolue vers plus de matière grâce à des tanins fermes mais civilisés. »

 

Dossier réalisé à partir des 2 visites au domaine effectuées les 17 Mai (prises de vues dans les vignes) et 8 Août 2014.