Julien Duport

Surtout connu pour sa discrétion, Julien Duport un vigneron jeune mais expérimenté qui réalise des vins sérieux en Brouilly et Côte-de-Brouilly. Sur des terres bien souvent difficiles à travailler, il ne compte pas son temps pour travailler les vignes du mieux possible et faire ressortir l'expression de ses différents terroirs, notamment au travers d'un patrimoine inestimable de très vieilles vignes. Ses vins, construits pour la garde, sont concentrés et robustes et développent beaucoup d'élégance au vieillissement.  

 

  • Le domaine :

 

 
Côte-de-Brouilly Lieu-dit la Côte et hameau de Brouilly

Le domaine est situé dans le hameau de Brouilly

 

Après avoir débuté avec 4,5 ha en 2003, le domaine s'est agrandi par adjonction de vignes familiales (il représente la 4ème génération de vignerons) pour porter l'exploitation à 8,5 ha (achat des bâtiments et des vignes en 2009) ; elle comprend 0,5 ha de Beaujolais-Villages et environ 4 ha en Brouilly et 4 ha en Côte-de-Brouilly.

En 2013, Julien Duport reprend un autre domaine avec des amis, le domaine des Cadoles, qui comprend près de 3 ha de brouilly. Les structures sont séparées mais Julien gère les deux.

Animé par le respect des terroirs, il effectue un travail parcellaire appliqué sur le domaine et  fait partie de la commission de mise en avant des terroirs (avec Claude-Edouard Geoffray notamment).

À la vigne, si on reste dans le conventionnel, surtout en raison des difficultés liées à l'âge du vignoble et aux pentes, la prise de conscience d'une nécessité de moins intervenir chimiquement est déjà plus qu'effective et le travail des sols prend de l'ampleur au fil du temps en fonction des parcelles.

Actuellement, 60% des vins sont mis en bouteilles au domaine, le reste partant au négoce. L'objectif est d'atteindre 100% de bouteilles vendues sous l'étiquette du domaine dans les années à venir.

 

  • Les terroirs :

Tous les Brouilly sont situés sur la montagne de Saburin.

  • Les Pierrailles est un secteur composé de granites roses très maigres, peu décomposés, donnant des vins assez légers et entrant en assemblage.
  • Le coteau de La Folie est le climat le plus important. Une partie des vignes y sont centenaires, les autres ont environ 40 ans. Les pentes sont parfois très fortes (80 ares à 40°), avec des expositions variées. Les sols sont maigres (granites grossiers en sous-sol et peu d'argiles et d'humus) et des rases ont été aménagées tous les 10 ceps pour canaliser l'eau et lutter contre l'érosion. Tout y est fait à la main compte-tenu de la pente.

 

 
La Folie (vignes centenaires)

Vignes centenaires de La Folie

 

Tout en haut de la montagne de Saburin, à 350 m d'altitude, le plateau des Buidons (terres encore plus maigres, moins de 30 cm de terre), situé près de Reverdon, comprend 2 parcelles dont une d'environ 1 ha, très tardive et donnant des vins concentrés. Le sous-sol est fait de granite décomposé et de schistes (pas d'argiles). 350 m d'altitude.

 

 
Plateau des Buidons (Brouilly)

Plateau des Buidons

 

Les vignes ont 30 ans, elles sont relevées sur fils pour gagner en surface foliaire (important pour la maturité et la concentration). Tout est fait à l'enjambeur car il y a très peu de pente ici. Ce sont en outre des vignes très touchées par l'esca et nécessitant des rebrochages réguliers (notable sur la photo ci-dessus).

 

En ce qui concerne les Côte-de-Brouilly, ils sont également divisés en 3 secteurs :

  • Autour du domaine, à Brouilly donc, 0,8 ha de vignes transformées en double-cordon sont travaillées en bio sur un terroir sableux (granite sous-jacent). Elles donnent la cuvée Empreintes.
  • La parcelle principale est au lieu-dit La Côte, au-dessus de La Poyebade et de Château Thivin, à côté de la carrière d'extraction de la pierre de Brouilly. Environ 1,5 ha de vignes âgées de 45 ans et exposées plein Sud. C'est un secteur donnant des vins très concentrés et minéraux. La roche (pierre bleue) y est affleurante par endroit, il y a un peu d'argile et beaucoup de pierres donc !

 

 
Pierre Bleue de la Côte-de-Brouilly

Cep ancré dans la pierre bleue de la Côte

 

C'est un endroit où les vignes avaient été cultivées en terrasses auparavant. Mais lors de la dernière plantation, on est revenu à une culture en pente (forte) qui nécessite de tout faire à la main. Le port est érigé et le rognage est effectué assez haut, mais sans attacher le feuillage.

 

  • Enfin, il y a la parcelle exceptionnelle de La Boucheratte, avec ses vignes très anciennes, plantées en 1885, juste après le phylloxéra. Ce qui leur fait la bagatelle de 130 ans ! Elles avaient été plantées à 12 000 pieds / ha, et chose assez incroyable, il y a très peu de manquants. On est ici sur le granite, et c'est un terroir  très précoce, liée à la situation particulière dans une combe. La qualité sanitaire et de raisins y est toujours exceptionnelle, même dans les millésimes difficiles, avec des raisins bien aérés et des rendements limités (maximum 45 hl/ha).

 

 
La Boucheratte
Cep de 130 ans (La Boucheratte)
 

La Boucheratte et ses ceps de 130 ans

 

Enfin, les Beaujolais-Villages sont situés sur un coteau sud de Saint-Etienne-de-la-Varenne (terroir précoce).

 

  • Le travail à la vigne :

60% de vignes ont plus de 50 ans et 80% sont en pente plus ou moins forte. Il y a ainsi seulement 3,5 ha mécanisable sur l'ensemble de l'exploitation. Cela rend bien compliqué le travail des sols, qui de plus sont souvent bien pauvres et très minces.

Il s'en suit pour Julien la nécessité d'apporter beaucoup de matière organique (tous les 3 ans), de replanter là où cela est possible pour restructurer ces vignes (il replante 0,25 ha par an environ à 8500 pieds/ha soit 1,20 m de largeur sur un mètre), et de rebrocher régulièrement sur les coteaux.

Les nouvelles plantations sont faites à partir de sélections massales faites sur ces très vieilles vignes (Boucheratte et La Folie) qu'il fait greffer sur Viala.

Il doit aussi continuer à utiliser des désherbants foliaires 1 à 2 fois par an pour venir à bout de l'herbe, même s'il la laisse pousser partout où c'est possible pour conserver un enherbement naturel pas trop concurrentiel (pâturin).

Il doit également utiliser 150 bottes de paille tous les ans pour lutter contre l'érosion.

Concernant les rendements, l'âge des vignes fait qu'ils sont naturellement limités. 2014, qui était une belle année, a ainsi produit 48 hl/ha.

 

  • Le travail à la cave :

 

 
Bouteille de Botheland et fût de CdB Boucheratte 2013

 

Les vinifications sont parcellaires sur des lots de 1 ha environ, en cuves de 60 hl.

Julien Duport réalise des vinifications très traditionnelles du Beaujolais, semi-carboniques en vendange entière. Les fermentations ne partent pas à froid, et il utilise un système de grilles pour noyer le chapeau ; il effectue aussi quelques remontages. Les macérations durent 15 à 18 jours.

Il utilise des levures starters (522 neutre) sauf sur 2 parcelles où il n'y a jamais de problème et pour lesquelles il laisse faire les levures indigènes.

Les Brouilly sont élevés en cuve jusqu'aux vendanges suivantes, avec un minimum d'intervention. Le Côte-de-Brouilly La Boucheratte passe 18 mois en barriques (pas neuves) puis quelques mois en masse en cuve et Empreintes passe 12 mois en barriques de 1 vin.

Les vins sont très peu touchés en élevage, et il y a une légère filtration à la mise.

 

Dossier réalisé à partir des 2 visites au domaine effectuées les 9 Octobre et 27 Novembre 2014 (prise de vues dans les vignes).

 

Julien Duport et sa femme

Julien Duport et sa femme (Crédit Photo : Gilles Trimaille)