Le millésime 2017 en Beaujolais

 

Après un millésime 2016 très hétérogène et calamiteux pour les vignerons ayant grêlé, 2017 a refait presque le même coup. En tout cas de prime abord, car bien sûr, quand on rentre dans les détails, c’est tout de même une année bien différente à de nombreux égards. Voici mon analyse née des observations que j’ai pu faire sur place.

 

La vigne en 2017

 

A la sortie d’un hiver dans la moyenne concernant les températures mais marqué par un déficit important de pluie, les premiers jours du printemps sont chauds l’après-midi et la taille à peine achevée (voire non achevée pour certains), les premiers bourgeons apparaissent avec 2 à 3 semaines d’avance (vers le 30 Mars). Le début du mois d’Avril étant à l’avenant, les vignes poussent fort et les vignerons craignent les gelées de printemps. Gelées qui arriveront fin Avril mais qui n’occasionneront pas de dégâts notables dans le Beaujolais, contrairement à bon nombre d’autres régions françaises. Scénario similaire à 2016 de ce point de vue.

Le rafraichissement intervenu mi-Avril durera toutefois 1 mois, perturbant la croissance de la vigne, en particulier dans les secteurs tardifs qui venaient juste de débourrer et qui restent quasiment au même stade pendant toute cette période.

A partir du 15 Mai, tout s’arrange et le reste du printemps est idéal pour le développement du feuillage et le passage de la fleur. Celle-ci s’est déroulée rapidement (7 jours contre 10 jours en moyenne) pour s’achever autour du 6 juin, à peu près comme en 2015 et avec presque 3 semaines d’avance par rapport à 2016.

 

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L’état sanitaire est partout parfait en Juin (ici à Lantignié chez Frédéric Berne)

 

L’ensoleillement est excellent en Juin-Juillet (2ème année la plus ensoleillée depuis 40 ans juste derrière 2011) et les pluies sont régulières et suffisamment espacées (3 Juin, 15 Juin, 27-28 Juin, 10 Juillet et 30 Juillet) ; dans de nombreux secteurs, les vignes sont ainsi correctement alimentées en eau et les feuillages ne sont pas soumis aux maladies cryptogamiques. Les vignerons épargnés par la grêle sont donc des vignerons particulièrement heureux en 2017, leurs vignes étant dans un état sanitaire parfait, avec peu de traitements à faire.

 

Grappes bien avancées au 29 Juin 2017

Le 29 Juin, les raisins sont déjà très bien développés !

 

Malheureusement, comme on le sait tous, les précipitations du 10 et du 30 Juillet ont été catastrophiques là où elles sont tombées sous forme de grêle. Pour la seconde année consécutive, une zone importante du vignoble a été touchée et suivant le même couloir. La grêle est arrivée de Lantignié et de Régnié puis est passée partiellement sur Morgon et Chiroubles, et a surtout frappé Fleurie et Moulin-à-Vent. La taille des grêlons a été contenue par les dispositifs anti-grêles mis en place (diffusion d’iodure d’argent) mais le vent extrêmement fort a littéralement sablé les vignes. La surface impactée est grande, environ 2000 ha comme l’an dernier, mais les vignes sont touchées à des degrés très divers, selon la topographie notamment. Le côté Ouest des vignes a été plus systématiquement touché, parfois moins de l’autre côté, abrité du vent.

 

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Lorsqu’il reste des raisins, ils sont sévèrement touchés… (photo du 13/07)

 

Sur Fleurie et Moulin-à-Vent, beaucoup d’exploitations sont touchés à plus de 70%, certaines le sont jusqu’à 90%. Souvent, ce sont les mêmes qu’en 2016. Dur dur…

Ailleurs, tout continue bien, sauf dans quelques secteurs (Brouilly et surtout Côte-de-Brouilly) qui n’ont pas bénéficié des averses orageuses et pour lesquels la contrainte hydrique se fait sérieuse, limitant le développement des baies qui restent toutes petites et très concentrées.

 

Qualité de la vendange 2017

 

Après un mois d’Août ensoleillé, chaud et sec, la vigne conserve son avance et le ban des vendanges est fixé au lundi 28 août pour les parcelles les plus précoces, soit seulement 4 jours plus tard qu’en 2015. Une grosse averse de 70 mm tombe le 30 Août et dans la plupart des crus, on attend quelques jours pour laisser regonfler des baies qui en avaient bien besoin et ainsi récupérer un peu plus de jus.

Les 15 premiers jours de Septembre sont idéaux pour les vendanges, 12° le matin, 20° l’après-midi et très peu de pluies, ce qui permet aux vignerons de récolter chaque parcelle au meilleur moment et sans excès de stress et les raisins sont dans un état sanitaire parfait.

Les vignerons touchés par la grêle ont dû toutefois procédé à un tri sévère à la vigne et au chai pour ne garder que le bon car le peu de grappes qui ont été ramassées sur leurs parcelles contenaient systématiquement des parties touchées ayant séché mais n’étant pas tombées et donc à écarter.

Les vinifications se sont parfois révélées délicates pour différentes raisons. De nombreux domaines, et en particulier ceux touchés par la grêle, ont pu faire face au développement de Brettanomyces et ont dû mettre en œuvre des actions correctives en urgence.

D’autres ayant constaté un déficit d’acidité des moûts se sont résolus à acidifier dès le départ pour que les vinifications se passent bien.

Les vignerons attentifs auront su éviter les pièges de ce millésime mais ce ne sera pas le cas de tout le monde…

 

Les vins de 2017

 

Les premières dégustations du millésime et surtout celles faites à partir du printemps rassurent sur la qualité. Si le millésime est hétérogène pour toutes les raisons évoquées précédemment, on retrouve de superbes vins dans tous les crus. Ils ont en commun d’avoir plus de fond que les 2016, leur concentration est toujours bonne, voire même impressionnante parfois.

Les acidités sont globalement assez faibles, et les degrés assez élevés, ces 2 paramètres sont même chez certains comparables à 2015 ! Ce qui donne des vins charmeurs dans les premiers mois avec un fruit bien ouvert et mûr.

Là où la grêle a frappé, on trouve toutefois des vins qui finissent secs, sans doute en raison d’un tri insuffisant. Il faudra les éviter. Et pour ceux qui préfèrent la fraîcheur à la haute maturité, il faudra également éviter les vins les plus confits, il y en a pas mal en Brouilly et Côte-de-Brouilly notamment.

On trouvera donc d’excellents vins dans ce millésime, davantage qu’en 2016. Mais tout n’est pas parfait et il faudra goûter dans chaque domaine tant c’est hétérogène.