Alain Coudert - Clos de la Roilette

Alain Coudert

 

Vice-président du cru de Fleurie, Alain Coudert est avant tout un vigneron simple, amoureux de sa terre, à la fois respectueux des traditions et ouvert au changement lorsque celui-ci favorise la qualité. Un homme qui accueille chacun de ses clients avec entrain et bonne humeur, leur faisant toujours passer un excellent moment qui peut parfois durer plus longtemps que prévu !

 

  • Histoire du domaine :

L'histoire du domaine commence véritablement avec un certain M. Crozet qui, au début du 20ème siècle, déposa le nom de « Clos de la Roilette » après que la délimitation des crus ait écarté son vignoble de l'appellation Moulin-à-Vent. Par cette pirouette, il créa une marque qui devait alors supplanter l'appellation et qui fût rapidement reconnu à l'étranger. On ne sait pas très bien si le mot Roilette vient au départ du nom du lieu-dit ou de celui de la jument préférée de Crozet, toujours est-il que l'étiquette à la tête de cheval est restée la même depuis 80 ans au moins...

 

 
La Roilette

 

Alain reconnait que c'est un privilège d'avoir pu conserver le nom historique du domaine et son étiquette, tant ils sont reconnus. Il n'oublie d'ailleurs pas de déposer le nom « Clos de la Roilette » tous les 10 ans à l'INPI, et ce même si il n'y a jamais eu de clos à la Roilette.

Pour les Coudert, l'histoire débute ici en 1967 lorsque Fernand, le père d'Alain, achète le domaine alors inexploité. Celui-ci remet sur pied un vignoble riche de vieilles vignes malheureusement mal entretenues ; dans une démarche déjà qualitative, Fernand limite les rendements et privilégie la mise en bouteille qui restera toujours majoritaire alors même que le vin se vend très bien en vrac aux négociants. Une part chaque année plus faible des vins leur est d'ailleurs dévolue, même si quelques négociants ayant historiquement soutenu le domaine en obtiennent jusqu'en 2011, première année ou toute la production est vendue en bouteilles. Le domaine vend aujourd'hui 60 à 70% de sa production à l'étranger et dispose d'une importante clientèle particulière, des habitués surtout, auxquels Alain reste très attaché.

Alain Coudert entre dans l'exploitation en 1984 et prend les commandes avec un accompagnement paternel jusqu'à la fin des années 80. Son père décèdera en 2011.

Aujourd'hui, après avoir partagé la gestion du domaine avec sa sœur, Alain conserve seul les rênes mais peut-être pas pour très longtemps, son fils Alexis l'ayant rejoint récemment sur l'exploitation, n'y travaillant toutefois qu'à mi-temps pour l'instant.

 

  • Ses terroirs :

Les vignes emblématiques du domaine (8 ha) sont situées, comme les bâtiments d'exploitation et d'habitation, au lieu-dit La Roilette, reconnu officiellement comme un climat de Fleurie par l'INAO. Ce sont majoritairement de vieilles vignes dont la moyenne d'âge est de 50 ans (les plus âgées ayant plus de 80 ans).

 

 
Vue de Romanèche depuis La Roilette

Les vignes de La Roilette en pente vers l'Est et Romanèche-Thorins

 

Le sol y est composé d'environ 20 cm d'humus sur des argiles peu épaisses recouvrant le socle granitique, assez altéré (sur plusieurs mètres). Ces sols sombres contiennent beaucoup  de petits cailloux provenant de cette altération mais assez peu de sable.

 

 
Le sol de la Roilette

Le sol de La Roilette

 

2 parcelles de vignes (les plus âgées), situées près des bâtiments, plus ventées, et exposés Nord/Est, donnent des vins plus pleins, plus charpentés et aussi plus acides que le reste de La Roilette ; ces vins forment la fameuse Cuvée Tardive.

 

 
Vignes de La Roilette le 27 Août 2014 (3)

Les vieilles vignes avec une exposition Nord-Est (cuvée tardive)

 

Les autres vignes de Fleurie (3 ha) sont situées sur les climats Champagne (juste avant l'entrée de Villié-Morgon) et Les Déduits près de Lancié.

Les vignes de Champagne sont situées sur un terrain plat, sableux et légèrement caillouteux. Le granite est très proche (il affleure même sous la forme d'une « veine ») et assez peu altéré. Cela donne des vins légers, avec beaucoup de finesse, très Fleurie en somme.

Sur Les Déduits, on a environ 30 cm de sables en surface (mais pas de cailloux), puis des sables argilo-limoneux en-dessous ; les vins qui sont produits sont un peu plus austères et amènent de la charpente dans un assemblage.

Enfin, le domaine produit également un Brouilly sur environ 1 ha de vignes à Saint-Lager, à mi-chemin entre le village et la cave coopérative de Bel-Air. Là aussi, il s'agit de vignes relativement âgées (2/3 des vignes ont 50 ans et 1/3 ont 25 ans). Elles sont situées en pied de montagne sur des sables et galets (graves alluvionnaires), les sols sont profonds. C'est un terroir très productif, ne souffrant pas de stress hydrique et sur lequel il faut juguler la plante pour obtenir un rendement raisonnable (50 hl/ha).  

 

  • Sa conduite des vignes :

Dans une démarche que l'on qualifie aujourd'hui de raisonnée, Alain exploite ses vignes avec intelligence et pragmatisme. Il aimerait pouvoir passer en bio mais ses terroirs ne s'y prêtent pas tous, La Roilette en particulier. En effet, sur ces sols argileux, si le printemps est humide ou après un orage, il est compliqué d'entrer dans les vignes pour travailler le sol. Alors il pratique encore un désherbage léger (grillant) en début de saison pour limiter l'invasion des mauvaises herbes.

La majorité des vignes sont conduites traditionnellement en gobelet ; ce mode de culture traditionnel convient très bien au gamay mais a l'inconvénient majeur de limiter la mécanisation du travail. Un essai a été fait en cordon depuis une dizaine d'années mais Alain trouve que la vigne vieillit mal. Il fera un nouvel essai en éventail.

Pour réguler les rendements, l'ébourgeonnage est attentionné durant un mois à un mois ½ l'été. Sur Brouilly, pour calmer la vigueur de la vigne, Alain a pratiqué cette année un enherbement.

 

  • Son travail à la cave :

Les vinifications représentent ici le parfait exemple de la vinification beaujolaise traditionnelle, semi-carbonique. Elles sont faites en cuve béton.

Il n'y a donc pas d'égrappage, sauf cas particulier sur des millésimes difficiles comme 2003 et 2012. Les élevages sont faits dans de vieux foudres, la mise étant effectuée entre Février (Brouilly) et Mai (Fleurie Cuvée Tardive) selon les cuvées.

Seule La Griffe du Marquis se démarque ; cette cuvée créée en 2009 à raison de 4000 bouteilles par an environ, est élevée à 80-90% en barrique bourguignonne (pas de fûts neufs) pendant 1 an.

Il est à noter que les différentes cuves de Champagne, Les Déduits et La Roilette sont assemblées dans la cuvée classique du Clos de la Roilette qui n'est donc pas issue seulement du climat Roilette. Il n'y a en général qu'une mise, mais en fonction des rendements, la demande étrangère peut parfois « contraindre » le domaine à effectuer une première mise plus tôt ; cette mise anticipée comprend alors les vins les plus légers et est exportée pour répondre à cette demande.

 

  • Le millésime 2013 :

Après un millésime 2012 compliquée (ici comme ailleurs), avec des rendements faibles (30-32 hl/ha), 2013 apparaît ici finalement plus classique.

Avec un manque de chaleur en début d'été et un mois de Septembre mitigé, le cycle végétatif s'est trouvé allongé d'environ 10 jours par rapport à la moyenne ; Si cela a pu occasionner des fins de maturité longues et stressantes, la patience et le travail réalisé à la vigne ont permis ici de vendanger des raisins sains et mûrs, avec un rendement de 42-43 hl/ha et des degrés naturels supérieurs à 12°.

Les vendanges ont débuté le 28 Septembre à Brouilly et le 30 Septembre à Fleurie.

A la cave, la fermentation malolactique s'est faite quasiment en même temps que la fermentation alcoolique cette année. Malgré le temps qui n'a pas été froid pendant l'hiver, les vins se sont bien éclaircis et il restait peu de lies avant la mise.

 

Dossier réalisé à partir des 2 visites au domaine effectuées les 6 Mars et 27 Août 2014 (prises de vues dans les vignes).