Dégustation du millésime 2015 chez Jean-Marc Burgaud (25/02/16)


Après les Morgon de Daniel Bouland, je passe goûter ceux de Jean-Marc Burgaud (les Beaujolais-Villages et les Régnié étant vinifiés à Thulon, pas d'échantillons disponibles mais la mise est pour bientôt).

Jean-Marc me rappelle que les rendements sont d'environ 38-40 hl/ha sur ses Morgon, ce qui est plutôt bon compte-tenu de la météo. Les raisins ont bien entendu été rentrés mûrs mais à des degrés raisonnables pour l'année, avec une moyenne de cave un peu en-dessous 14° et un maximum à 14°5. Les acidités sont très intéressantes et comparables à celles de 2014 analytiquement. Ces informations tendent à montrer que 2015 est bien plus équilibré que le climat estival ne le laissait présager...  Mais goûtons un peu !

 

Morgon Charmes 2015 : 40 hl/ha - 14° - 1 gramme de sucre résiduel. 7 jours de macération (au lieu de 9 habituellement). En cours d'élevage en cuve inox.

Le nez est très ouvert, fruité et puissant sur les fruits noirs frais. La bouche « envoie du lourd », avec beaucoup de jus. L'équilibre est bon mais l'ensemble est toutefois assez rondouillard, la richesse en alcool et en glycérol est notable et apporte un gras inhabituel. Cela porte le fruit en bouche et le rend très gourmand. La finale est assez fraîche, sans plus, avec des tanins très doux, presque imperceptibles. En fait c'est un vin qui est déjà très bien en place, d'aucuns le qualifieront de racoleur voire putassier. On va en tout cas pouvoir le boire dès la mise avec énormément de plaisir et il n'y aura sans doute pas un grand intérêt à le garder.

 

Morgon Grand Cras 2015 : Voir dégustation du 15/12/15. Pas regoûté.

 

Morgon Côte du Py 2015 : 38 hl/ha - 14° - sec. 9 jours de macération (au lieu de 11/12 habituellement). En cours d'élevage en cuve inox.

On change de registre avec un vin beaucoup plus sérieux, à la structure affirmée. Le nez est moins disert. Le fruit est moins éclatant, bridé par une sève bien présente ; le vin s'étire en bouche et frappe plus par sa droiture que pas sa largeur, au contraire du Charmes. L'ensemble est parfaitement défini avec un équilibre très abouti, il possède beaucoup plus de fraîcheur (impression à nuancer car l'échantillon est un peu gazeux ce qui renforce la sensation de tension). Les tanins ont un grain très fin mais ils se font bien remarquer en structurant et en étirant le vin. Ils laissent une sensation agréable en bouche et ne sont pas du tout asséchants. Elégant et harmonieux, ce sera un grand Py, je n'en doute pas un seul instant.

 

Morgon Côte du Py Javernières 2015 : En cours d'élevage en fûts (fûts de 1 à 5 ans).

Réduction et grosse prise de bois, à revoir.

 

Morgon Côte du Py James 2015 : En cours d'élevage en fûts (fûts de 1 à 5 ans).

Plus de gaz (« ça pousse encore un peu »), mais moins de réduction. La tension est impressionnante, et la densité tout autant. Cela crée un équilibre très haut et une concentration hors norme. On sent la vendange entière, le vins est séveux et l'expression aromatique est en retrait, cela donne un ensemble brouillon à ce stade ; on sent que tout est là mais il faut laisser l'élevage mettre chaque chose à sa place... A revoir donc.

 

On complète cette petite revue des 2015 par deux vins plus mûrs...

Morgon Côte du Py 2007 : J'adore ce nez qui « morgonne » véritablement, fait de notes kirschées et réglissées. C'est le bel âge pour ce vin qui est à son apogée. Pas de grande concentration mais un équilibre très intéressant et un fondu parfait en bouche pour l'apprécier aujourd'hui. Si vous en avez, c'est un millésime à privilégier (avec les 2006 et les 2008) pour une dégustation en ce moment.

 

Morgon Côte du Py 1995 : (année concentrée ayant produit des vins puissants). Vin ouvert la veille.

Signes d'évolution marqués. Il est, avouons-le, largement temps de boire ce vin. Mais il n'est pas décharné et il y a encore de la vie. Les arômes tertiaires sont marqués. L'acidité, bien présente, allonge le vin et le tient. Il manque toutefois de charme dans son expression et de fondant dans la texture. J'ai de meilleurs souvenirs de 1996 ou 1998, par exemple.